Monseigneur Robert-Casimir DOSSEH-ANYRON, premier Evêque togolais, est décédé le mardi 15 avril 2014, à Hirson (France), à l’âge de 89 ans. A l’initiative du chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure GNASSINGBÉ, et du gouvernement, un deuil national de trois jours était décrété pour honorer la mémoire de celui qui a, avec ardeur et passion, servi l’Église et la nation. Lors du dernier hommage que le gouvernement et le peuple ont rendu à ce pasteur et citoyen engagé, l’ancien premier Ministre, Son Excellence Arthème AHOOMEY-ZUNU, dans son discours affirmait : L’histoire de la vie de celui que nous pleurons aujourd’hui ne peut se lire en dehors de la grande épopée de la christianisation du Togo.
Les idées et les actions, les faits et évènements qui ont tissé la trame du parcours exceptionnel de Monseigneur Robert-Casimir DOSSEH-ANYRON résonnent dans tous les domaines de l’existence, au point qu’à l’heure où les anges du Ciel le portent vers la cité de Dieu, si chère à Saint Augustin, l’on se pose une question fondamentale : Sous quel angle faut-il l’appréhender pour donner la juste mesure des mille reflets qui ont illuminé une vie aussi riche que féconde ?
L’engagement de Mgr DOSSEH-ANYRON au service de l’Église et de la nation togolaise ne fait aucun doute. Il est connu qu’en plus de sa mission au service du salut des âmes, le premier Archevêque togolais de Lomé a œuvré pour l’émancipation et le développement du Togo. L’histoire retient qu’il a activement participé, quand il servait à Tsévié en tant que vicaire à la paroisse Saint Jean Apôtre, aux travaux de réflexion dans le cadre de l’accession du Togo à l’indépendance.
Sa contribution a souligné la nécessité de la détermination du régime politique approprié à la jeune nation togolaise. Son engagement politique au nom des valeurs chrétiennes lui a valu le surnom de Ablodé Fada. La portée sociale et politique de son engagement pastoral signifie, pour lui, que la politique se vit comme le prolongement de la charité chrétienne. Ce qui atteste que, dans sa mission pastorale, il n’a négligé aucune dimension de l’être humain.
Ce grand homme qui a fait du développement intégral et de la Doctrine sociale de l’Église l’horizon de sa vie, de sa réflexion et de sa méditation est né à Vogan le 13 octobre 1925 de parents chrétiens. Ce « géant » comme l’appelait Me Djovi GALLY et qui a fait la « fierté nationale, africaine et de l’Église » a fait successivement ses études primaires et secondaires à Lomé et à Togoville puis fréquenta le petit séminaire St Gall de Ouidah. Mgr STREBLER, alors Archevêque, l’envoya à Rome en 1948 pour ses études philosophiques et théologiques couronnées par une licence en théologie. Ordonné prêtre à Rome le 21 décembre 1951, il révéla son engagement intellectuel à travers une thèse de doctorat sur « LEucharistie dans les œuvres de Bossuet » qu’il soutient brillamment le 12 janvier 1955 avec la mention summa cum laude ce qui équivaut à la mention « excellent avec félicitations du jury ». Ses études scolaires et académiques ont suscité l’admiration de ses camarades comme le rappelle si bien Mgr Robert SASTRE, Évêque de Lokossa au Bénin de vénérée mémoire : « J’étais en admiration devant sa capacité de création. Là où j’écrivais péniblement trois pages, il en remplissait facilement une dizaine. Son ardeur était stimulante pour moi. »
Sa vie pastorale a commencé au Togo en tant que vicaire puis curé à la paroisse Saint Jean Apôtre de Tsévié. En 1960, Mgr STREBLER l’appelle à Lomé comme directeur de l’Enseignement catholique et, quelques mois plus tard, il devient vicaire général de l’Archidiocèse de Lomé.
La nouvelle de sa nomination par le Saint-Siège en tant qu’Archevêque, le 4 avril 1962, fut accueillie avec une explosion de joie par le peuple togolais. Et à propos de cette nomination, le président Sylvanus OLYMPIO lui avait adressé ce message : « Au nom du Gouvernement et en mon nom personnel., je vous adresse mes félicitations les plus sincères et j’exprime le vœu que lÉglise, sous votre direction, travaillera avec le Gouvernement pour un développement accéléré de notre pays dans tous domaines… ».
Après son sacre le 10 juin 1962 à la paroisse St Augustin d’Amoutivé, par le Cardinal Julius DÔPFNER, Archevêque de Munich, Mgr DOSSEH-ANYRON est intronisé à la cathédrale Sacré-Cœur de Lomé par Mgr Jean-Marie MAURY, délégué apostolique. Il a alors participé, en tant qu’Archevêque de Lomé, aux travaux du Concile Vatican II. Il fut, à cette occasion, le jeune Évêque à cette haute instance de décision de l’Église catholique.
Biographie écrite par le collectif d’auteurs :
– M. Bernard Tossou ATCHRIMI, Université de Lomé
– M. Simon-Pierre Komi KOUVON, Université de Lomé
– M. Hermann Mawusse K. AKUE ADOTEVI, Université de Lomé